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La reconstruction de 2026

Le très mauvais état de fonctionnement de l’orgue, depuis de nombreuses années, a incité l’État à réfléchir à une restauration complète de l’instrument.

C’est l’entreprise QUOIRIN, située à Saint-Didier, non loin de Carpentras, qui a été choisie pour reconstruire l’orgue de la cathédrale, suite à un appel d’offre lancé par la Direction Régionale des affaires Culturelles du Grand Est en 2019.

L’atelier d’Eric BROTTIER, expert et technicien-conseil, en a assuré la maitrise d’œuvre.

Le projet technique repose sur plusieurs points définis par le cahier des charges, auquel le facteur d’orgue a apporté quelques propositions supplémentaires.

Le buffet a été entièrement dépoussiéré, nettoyé, puis ciré et vernis, sans en modifier ni l’aspect ni la teinte.

Des traces de peinture ocre ont été découvertes sur les trois statues qui surplombent les tourelles centrale et latérales.

Ainsi, le Christ et les deux anges qui l’entourent ont-ils maintenant un aspect légèrement plus clair, pour contrecarrer l’effet de contre-jour dû à la rose du transept Nord.

C’est Alice QUOIRIN qui a été en charge de cette restauration du buffet.

Sur le plan instrumental, l’ensemble de la tuyauterie a été conservé. La composition est restée identique à celle de Victor Gonzalez, hormis quelques très légères modifications :

  • Une Grosse Quinte 10’2/3 a été ajoutée au pédalier
  • La flûte 8’ du Positif a été supprimée pour des raisons de place et d’espace dans le buffet
  • Le Nazard 2’2/3 et la Tierce 1’3/5 du Grand-Orgue ont été décalés pour devenir un Gros Nazard 5’1/3 et une Grosse Tierce 3’1/5

Une chamade 8’ (avec extension en 4’) a été ajouté en façade, au pied des tuyaux de façade du grand buffet.

Tous les tuyaux ont été transportés à l’atelier pour être nettoyés et restaurés. Seuls les 13 tuyaux de façade les plus grands, correspondant au Principal 32’ de pédale sont restés sur place, soigneusement rangés dans un espace de l’échafaudage spécialement dédié, étant trop grands et trop fragiles pour pouvoir être transportés.

Le plan interne de l’orgue et la disposition des sommiers ont été revus.

  • Le Positif reste évidemment à son emplacement initial, de même que la console.
  • Le sommier de Grand Orgue conserve lui aussi sa place au premier étage de l’orgue.
  • Tout en haut, le Récit a été agrandi en profondeur et réduit en largeur, ce qui permet à l’Echo de prendre place de part et d’autre de ce Récit.
  • Les deux plans sont maintenant expressifs.
  • Les tuyaux de pédale sont répartis sur trois étages différents, les jeux de fond les plus graves se situant à la tribune, derrière le buffet, les jeux plus aigus au premier étage et les anches au sommet de l’orgue.

Tous les sommiers sont entièrement neufs, de même que le ventilateur, les porte-vent, et tous les éléments qui constituent la console (claviers, pédalier, tirants de jeux, etc…) .
Cependant, cette console a été dessinée en essayent de respecter au maximum l’esprit de celle de Victor Gonzalez.

La transmission est maintenant électronique et proportionnelle. Ainsi, la vitesse d’enfoncement de chaque touche reproduit le même mouvement, à la même vitesse, à l’électroaimant qui va permettre à la soupape de s’ouvrir pour que le vent puisse entrer dans le tuyau.

Une seconde console, mobile, est installée dans le chœur et permet ainsi à l’organiste de jouer à proximité du public ou des autres musiciens lors des concerts. La console de tribune est davantage réservée à une utilisation cultuelle et liturgique.

Ces consoles sont dotées de nombreuses fonctions qui ont pour rôle d’assister l’organiste dans son travail ou son jeu.

Un combinateur permet de mémoriser tous les mélanges de jeux qui ont été préparés en amont du concert.

Un « replay » permet à l’organiste de s’enregistrer et de faire rejouer l’orgue sans aucune intervention humaine, à l’aide d’une simple télécommande. Le musicien peut alors se placer exactement à l’endroit où les auditeurs seront assis et mieux appréhender sa manière de jouer (registration, tempo, style musical, etc….).

Chacun des jeux de l’orgue peut être joué sur le clavier de son choix, en 16’, en 8′ ou en 4′.

L’esthétique sonore de Victor Gonzalez a été parfaitement conservée.

L’orgue de 1938, reconstruit en 2026, est un témoin de la facture française néoclassique. Il permet au mieux d’interpréter et de faire vivre un répertoire fondamental de la littérature pour orgue, autour de compositeurs comme Olivier Messiaen, Jehan Alain, Maurice Duruflé, Jean Langlais ou Gaston Litaize.

Il permet cependant d’appréhender l’ensemble du répertoire organistique, depuis le Moyen-Age jusqu’à nos jours.

Témoins de l’histoire de la cathédrale, de nombreux éléments encore visibles, tels la tribune, le garde-corps et le soubassement de 1487, le grand buffet de 1647, ou la partie instrumentale de 1938, attestent de la présence vivante de l’orgue et de la culture au sein de la cathédrale de Reims depuis des siècles.